Pour l'amour de Maud

Nouvelle lettre non envoyée

J'en ai encore retrouvé une, c'est fou ce que j'écris sans agir moi. Vous moquez pas je l'ai commencé sur un coin de table de philo...



Un petit rossignol voletait innocemment dans les sous-bois, illuminant le coeur de chacun de ses habitants. Ce petit rossignol d'aspect si chétif, était aimé de la population forestière, même si tous ne se rendaient pas compte de son pouvoir.

Tous sauf un, un gros corbeau pataud au grand coeur qui pensa trouver l'être qui donnerait un sens à sa vie, l'être pouvant combler son défaut d'amour. Ce corbeau aussi était bien aimé de son entourage, presque pour les mêmes raisons en fait : il était d'un naturel très gentil, et beaucoup de monde se plaisait à lui parler, pour rire avec lui, ou discuter de choses plus sérieuses.

Ce corbeau était tellement amoureux qu'il se décida alors de tenter de l'approcher, mais avec une maladresse incroyable. En effet, quand il se trouvait en sa présence, le corbeau s'emballait : ses ailes se mettaient à papillonner, son petit coeur à s'emballer, et sa voix à n'émettre que de laids croassements. Quant au petit rossignol, il ne se doutait de rien, et continuait à vivre sa vie nonchalamment, ne considérant le corbeau que comme un simple ami.

Mais le corbeau n'y tint plus, il se doit de se révéler à l'oiselle de son coeur. Il lui écrit donc une lettre dans laquelle il lui déclara sa flamme le plus simplement du monde, aussi naturellement que son coeur le ressentait. Le rossignol ne s'attendait absolument pas à recevoir une pareille lettre de son ami, au point qu'il ne savait pas comment il pourrait lui répondre. Il considérait le corbeau comme un ami, indubitablement, mais jamais des sentiments plus forts ne l'avaient lié à lui.

Il se passa donc plusieurs jours, pendant lesquels le corbeau pensait avoir fait le mauvais choix, et pendant lesquels le rossignol se demandait comment répondre à son ami sans lui faire de mal. Il connaissait bien le corbeau, et l'aimait bien, le froisser pourrait lui faire du mal à lui-même.

Lorsque le rossignol répondit, le corbeau s'était tellement dit et redit qu'il n'était qu'un oiseau imbécile, qu'il était sûr que le rossignol le repousserait. C'est effectivement ce qu'il fit, arguant qu'il n'avait pas de sentiments assez fort pour l'aimer plus qu'en ami. Le corbeau ne dit rien, il ne fait qu'acquiescer les paroles de son amour, il voudrait bien répondre, mais ce sent trop mal pour dire quoi que ce soit, et s'en repart donc tout penaud.

De très longues semaines passent alors, pendant lesquelles le corbeau continue de se lamenter sur son sort. Il regrette son attitude, sa passivité, il pense alors que le rossignol s'est fait une mauvaise idée de lui du fait de son manque d'assurance. Pendant cette période, le rossignol ne pensait plus réellement au corbeau, croyant que celui-ci l'avait à présent oublié, et qu'il ne s'agissait que d'un petit rêve stupide.

Mais le corbeau, rongé par le chagrin, l'amour et le désir ne pouvait en rester là, il avait besoin du rossignol il le sentait, et ne pouvait renier cet amour. Il a donc décidé d'envoyer une seconde lettre à sa bien aimée, une lettre dans laquelle il décida d'insister sur la force, l'intensité de ses sentiments, et sur l'estime qu'il lui portait.

Le rossignol, recevant cette missive, fut de nouveau surpris. Mais plus encore que la première fois ! En effet, il ne pouvait s'attendre à un si brûlant amour de la part de cette créature. Il est alors troublé, doutant de ses sentiments pour le corbeau, réfléchissant également beaucoup aux conséquences de la concrétisation éventuelle de son amour. Il se décide alors de lui écrire, mais pauvre de lui, voila que le rossignol se trouve encore plus timide que le corbeau, et ne peut se résoudre à l'envoyer !

Le corbeau resta donc des semaines et des semaines durant sans nouvelle du rossignol, ne le voyant même plus, la saison des voyages ayant commencée. Il passait des nuits entières à rêver d'elle, des journées entières à se demander si la lettre était bien arrivée, si il avait utilisé les bons mots, comment il pourrait lui parler lorsqu'il la reverrait?

Quand le corbeau et le rossignol se revirent de nouveau régulièrement, aucun des deux ne réussit à reparler de ce fait, de cette lettre. Leur vie continuait comme si de rien n'était. Mais semaines après semaines, le corbeau voyait toujours cette divine créature rester inchangée, donc parfaite, son esprit commençait à n'être plus qu'obnubilé par cette vénus aérienne.

Il se décida finalement à l'inviter à parler en tête à tête de son amour.Lors de cette rencontre, paralysés par leurs timidités respectives, aucun ne se décidait à parler. Finalement ce fut le rossignol, qui le premier prit la parole. Il parla des lettres qu'il avait reçu, il parla de l'émotion qu'il avait ressenti en lisant ces paroles tellement empruntes de gentillesses, d'amours. Les paroles du corbeau l'avaient beaucoup touchées, mais devant cette cascade de sentiments, le rossignol se sentait trop minuscules : il avait peur de ne pas pouvoir lui rendre la pareille, lui donner en échange un amour aussi passionné que le sien. Le corbeau n'en avait que faire, il l'aimait du plus profond de son coeur, son seul désir était de pouvoir être près du rossignol, de pouvoir déverser l'amour de son coeur dans le sien.
Mais il n'arrivait à rien dire, il écoutait ton flot de parole émit par ta si belle voix, il n'osait pas t'interrompre. Pourtant il en aurait eu à dire ! Il aurait pu dire qu'il lui importait peu d'avoir un plein amour de sa part, tant qu'il pouvait pleinement lui donner le sien, le rendre heureux. Il aurait pu lui dire qu'il était également une personne sensible, ayant le plus grand besoin de tendresse, d'une personne dévouée et aimante, d'un appui dans les marais de l'existence... il savait qu'il s'agissait de choses que le rossignol pouvait lui apporter, mais il n'en dit rien... Le corbeau avait peur. Il avait peur d'avoir l'air de trop insister, il avait peur d'une réaction encore plus négative du rossignol, il avait peur de tout ça... Il se sentait petit, minable, ridicule, malheureux, il ne savait même plus s'exprimer, il aurait voulu se faire souris et se cacher derrière un meuble pendant tout le reste de sa vie.

A la fin de la soirée, le corbeau pleurait sur le chemin de son retour, il ne savait plus où il en était. Il savait que ce tête à tête avait pour but de tout régler. Mais rien n'était fait, rien n'était dit, il restait encore tout à faire pour lui. Il se sentait en colère, en rage contre lui-même, et se mettait à se détester, à se demander à quelle valeur avait la vie si on ne réussissait à la vivre pleinement. Il savait qu'il devait encore et encore essayer de séduire le rossignol pour ne pas voir son esprit détruit par le chagrin.

Ecrit par Woshee, le Dimanche 18 Avril 2004, 22:04 dans la rubrique "Premiers Pas".

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